DESCRIPTION DE LA THÉMATIQUE

La militance pour les droits humains a une longue histoire en Amérique latine. La lutte acharnée du dominicain Bartolomé de las Casas en faveur des droits des autochtones, dès les premières conquêtes espagnoles au tournant du XVIe siècle, marque un précédent important qui a grandement influencé la colonisation européenne du Nouveau Monde. Néanmoins, il ne faut pas exagérer l’incidence concrète de son activisme : le haut clergé latino-américain et les élites coloniales ont maintenu en place un système sociopolitique et un mode de production favorisant l’exploitation des classes laborieuses au détriment de celles-ci. Les vicissitudes postcoloniales et les turbulences politiques d’un XXe siècle marqué par la violence des révolutions et des régimes militaires n’ont pas amélioré cette situation. La guerre froide a même exacerbé les tensions créées par cet état de fait. Par conséquent, le bilan que l’on peut tracer de la situation des droits de la personne en Amérique latine au XXe siècle est peu reluisant. Voici pourquoi la région a attiré l’attention des organisations non gouvernementales (ONG) humanitaires et des réseaux transnationaux militant pour les droits de la personne qui ont organisé des mouvements de solidarité ayant pour but de venir en aide aux populations opprimées. Après le retour de la démocratie dans les années 1980, plusieurs pays ont mis en place des commissions de vérité et réconciliations visant à faire le point sur les exactions commises durant la guerre froide. Les luttes de mémoire qui se sont ensuivies entre groupes de pression aux antipodes du spectre idéologique connaissent souvent leur dénouement de nos jours dans les procès contre les membres des régimes militaires qui ont lieu dans plusieurs pays, à l’instar de l’Argentine. Le recours à l’histoire dans ces actions légales joue un rôle fondamental. Cette activité de recherche a justement pour but d’explorer l’écriture de l’histoire de ces mouvements de solidarité organisés par les réseaux militants transnationaux et les ONG humanitaires qui ont contribué, par leurs actions, à préserver la mémoire de l’activisme des gens que les dictatures voulaient éliminer.