Étudiée par une poignée de littéraires, mais à peu près ignorée par les historiens, la littérature populaire en fascicules est pourtant un phénomène culturel majeur des années 1940 et 1950 au Québec. Durant cette période, ce sont des milliers de ces petits fascicules d’une trentaine de pages qui sont publiés par une soixantaine d’éditeurs à travers la province. Imprimés sur du papier de mauvaise qualité, portant une couverture colorée et un titre accrocheur, ils mettent en scène les aventures d’amoureux, d’espions, de détectives privés, de policiers, ou même de cow-boys, tous résolument « canadiens ». Considérés comme de la « mauvaise littérature », ces romans à dix sous sont pourtant vendus par dizaines de milliers dans les tabagies, les restaurants et les gares, et lus par une proportion importante des adolescents et des adolescentes de la génération du « baby-boom ». Leur apparition coïncide avec l’entrée de la société québécoise dans la société de consommation et ils témoignent de l’appropriation de différents imaginaires plus largement nord-américains, voire occidentaux, par les francophones de la « Belle province ». Ils seront au cœur de cette activité de recherche qui propose de mieux les inscrire dans cette période charnière de l’histoire du Québec.