Le régime seigneurial a profondément marqué l’histoire du Québec. Encore de nos jours, ses traces sont perceptibles dans le paysage rural ainsi que dans la toponymie d’une grande partie de la vallée du Saint-Laurent. C’est que la seigneurie est l’une des plus anciennes institutions implantées par les Français en Amérique du nord. Les premières seigneuries sont concédées au cours de la décennie 1620 et l’occupation du sol au Canada sous le régime français passera exclusivement par la seigneurie. « Nulle terre sans seigneur », dit un vieil adage. La seigneurie est un mode d’occupation du sol, mais surtout, elle est la marque de l’inégalité sociale qui caractérise la France d’Ancien Régime : elle implique la soumission d’individus (les censitaires) à un autre (le seigneur). Le régime seigneurial se maintiendra après la Conquête et ne sera finalement aboli qu’à compter de 1854 pour subsister partiellement jusqu’aux années 1970. Faire l’histoire du régime seigneurial, c’est faire l’étude de l’histoire du Québec dans sa longue durée.